Fumer, fumer, pour arrêter le temps
La fumée de la cantine est comme la nuit qui vient
Voix hautes ou graves le vin saigne partout Ici ça débouche, c'est la débauche.
Je tire ma pipe libre et fier parmi mes camarades :
Fumer, fumer, pour arrêter le temps...
Ils partiront avec moi pour les champs de bataille
(En vrai, j'sais rien faire de mes deux mains)
Ils dormiront la nuit sous la pluie ou les étoiles
Ils galoperont avec moi portant en croupe des victoires
Ils obéiront avec moi aux mêmes commandements
Ils écouteront attentifs les sublimes fanfares
Je tire ma pipe libre et fier parmi mes camarades
C'est grâce à elle, si j'me sens en vie
Mais c'est aussi elle qui causera ma mort
Fumer, fumer, pour arrêter le temps...
Rien qu'à voir mon visage, j'suis pas en forme
Ils mourront près de moi et moi peut-être près d’eux
Ils souffriront du froid et du soleil avec moi
Je tire ma pipe libre et fier parmi mes camarades
Fumer, fumer, pour arrêter le temps...
Ils sont des hommes ceux-ci qui boivent avec moi
Tout le monde dit qu'c'est mal
Mais une fois dans mon sang j'me dis qu'c'est bien
Ils obéissent avec moi aux lois de l’homme
Ils regardent sur les routes les femmes qui passent
C'est pas d'l'amour mais bon, c'est bien plus compliqué
Ils les désirent mais moi j’ai des plus hautes amours
Qui règnent sur mon cœur mes sens et mon cerveau
Et qui sont sous plusieurs formes : en poudre, en liqueur ou en pilule
Heureusement qu'elle est bonne, c'est la femme de ma vie
À moi soldat amoureux soldat de la douce drogue, consumé par la vie.
Apollorenzo
Avec les textes de
« La fumée de la cantine », Poèmes à Lou, Apollinaire
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