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Baudelaire flambée, moutarde fine et fleur du Gall

Dernière mise à jour : 21 déc. 2020


LES FLEURS DU GALL - XXVII UN NOUNOURS


Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, Nounours,

Ce beau matin d’été si doux :

Qu’il vienne me chercher, mon joli nounours

Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l’air, toi le confident De mon cœur d’enfant

Nounours, ce soir j’attendais d’une façon nonchalante et cynique

Son ventre plein d’exhalaisons.

Le soleil rayonnait Nounours, tu sembles étonné

De me voir pleurer

Viens me consoler à la grande Nature

Bête, bête, bête qu’ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait, Nounours, ce garçon que j’aime

Comme une fleur s’épanouir.

La puanteur était si forte, Il m’a embrassé m’a juré qu’il m’aime,

Vous crûtes vous évanouir.

Et même, je peux te l’avouer sur ce ventre putride,

D’où sortaient, faut pas me gronder

Nounours, mon joli nounours, comme un épais liquide

Tout est arrangé tout est changé

Tout cela descendait, montait comme une vague,

Ou s’élançait dans ce beau voyage

On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,

Vivait très très très très sage

Et si tu es sage une étrange musique,

Comme l’eau courante et le vent,

Il veut m’épouser dans quelques années d’un mouvement rythmique

Je t’emmènerai dans son van.

[…]


Charles Baudelaire & France Gall : Une Charogne & Nounours




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