Monseigneur Kyvai’n joint ses mains, s’agenouille et, en véritable ami, déclare : « Ma dame, regarde-moi dans les yeux, je suis à toi si c’est ton vœu, oui, on fera ce que tu veux mais ne joue pas avec le feu […] Je vais faire en sorte de combler chacune de tes envies. Je vais tellement te donner que tu te sentiras en vie.
— Vraiment [...] sire ? Et si je vous tuais ?
— Je ferais tout pour te voir heureuse et comblée encore et encore.
— Je n’ai jamais entendu un tel langage. Vous vous mettez à mon entière disposition sans que que je vous contraigne en quoi que ce soit !
— Sans mentir, ma dame, je cocherai la liste de tes vœux pour qu’ils soient assouvis. Pour ton plaisir j’userai de toute mon expérience et comblerai chacune de tes espérances, et, s’il était en mon pouvoir de réparer le meurtre dont je suis coupable envers vous, je le ferais sans discuter.
— Comment ? fait-elle. Ok mais j’mets des conditions : vous serez quitte de la réparation si vous parvenez à me convaincre que vous ne m’avez causé aucun tort en tuant mon époux !
— Ma dame j’ai peut-être mes défauts mais j’ai mes qualités, fait-il, laisse moi te faire une confidence : pour moi, ce n’est pas une coïncidence. J’ai foi en l’avenir. Depuis que je t’ai trouvé j’ai tant de choses à dire, tant à te prouver. Je ne trahirai jamais ta confiance si seulement tu m’accordais au moins une chance. […] J’ferai de ta vie un rêve, tu pourras tourner la page. […] Je changerais tes larmes en sourires. J’ferai en sorte que tes peines ne soient qu’un souvenir. Après le bonheur tu n’auras plus à courir, car auprès de toi je le ferais venir.
— […] je crois bien qu’il ne me servirait à rien de vous avoir fait exécuter. Mais j’aimerais bien savoir d’où vient la force qui vous contraint de vous soumettre à ma volonté, sans restriction. Je vous tiens quitte de tous vos torts et méfaits, mais asseyez-vous et contez-moi comment vous êtes dompté à présent.
— Ma dame, je ferai de toi ma reine, mon cœur sera ton château !
— Et votre cœur, qui l’a soumis, cher et tendre ami ?
— Dame, le simple fait d’exister un petit peu à tes yeux.
— Et vos yeux, qui ?
— Mes jambes vacillent mon cœur résonne : J’ai succombé à ta beauté fatale.
— Et la beauté, quel fut son crime ?
— Jamais j’n’aurais pensé un jour tomber amoureux...
— Aimer, et qui ?
— Un rien, toi seule peut me rendre heureux. Car personne ne t’arrive à la cheville. C’est avec toi que je veux faire ma vie, est-ce que tu réalises ?
— Moi ?
— Oui, vraiment ! Car à toi je suis voué, je dois l’avouer.
— De quelle manière ?
— Y a pas de mots assez fort pour te décrire ce que je ressens mais je ne cesserai jamais de te le prouver à chaque instant même si je sais que pour moi ce sentiment est encore récent, sache que je ne suis jamais blessant. Je ne veux pas embrasser des millions de filles, je veux t’embrasser toi, des millions de fois ! […] Je veux être avec toi, et nulle autre que toi. [...] Je ne te ferai jamais de la peine sache le ma lady car pour moi tu es plus que tout. Et si jamais tu as des problèmes, je serai là pour t’aider, […] et si jamais tu me quittais, tu verrais mon cœur saigner car je te dois mon salut je l’avoue !
— Et oseriez-vous défendre la fontaine pour moi ?
— Oui, je ne vais pas me faire prier.
— Alors sachez que la paix est conclue entre nous ! »
Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion, trad. P. Walter, folio classique, p.92-93 et Keen’v, le chevalier moderne
Avec les paroles de...
« Faisons l’amour » – Keen’v, Album : Là où le vent me mène
« Celle qu’il te faut » – Keen’v, Album : Saltimbanque
« Tu réalises » – Keen’v, Album : 7
« Dis-moi oui Marina » – Keen’v, Album : Saltimbanque
« Je ne gâcherai pas tout » – Keen’v, Album : Ange ou Démon
« A l’horizontale » – Keen’v, Album : Phenom’N
Image : clip de la chanson « Prince charmant »