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Salammbô-bun d'Indochine

III

SALAMMBÔ.


La lune se levait au ras des flots, et, sur la ville encore couverte de ténèbres – la ville endormie les laisse seuls – des points lumineux, des blancheurs brillaient […].


C’est dans la nuit de Rebecca que la légende partira. Salammbô monta sur la terrasse de son palais, soutenue par [un] esclave qui portait dans un plat de fer des charbons enflammés et sous la chaleur et sans un bruit, ils rattraperont toute la nuit, la nuit.

Il y avait au milieu de la terrasse un petit lit d’ivoire, couvert de peaux de lynx avec des coussins en plume de perroquet, animal fatidique consacré aux dieux, et dans les quatre coins s’élevaient quatre longues cassolettes remplies de nard, d’encens, de cinnamome et de myrrhe. L’esclave alluma les parfums. C’est avec lui qu’elle le voulait, qu’elle désirait à ce qu’il l’aimait. Salammbô regarda l’étoile polaire et aujourd’hui pour une troisième fois elle décidait de sa première fois ; elle salua lentement les quatre points du ciel et s’agenouilla sur le sol parmi la poudre d’azur qui était semée d’étoiles d’or, à l’imitation du firmament. Puis les deux coudes contre les flancs, les avant-bras tout droits et les mains ouvertes, en se renversant la tête sous les rayons de la lune, elle dit :

— Trois nuits par semaine c’est son corps contre mon corps c’est nos corps qui s’enchaînent !

Et sa voix se traînait d’une façon plaintive, comme pour appeler quelqu’un.

— Anaïtis ! Astarté ! Derceto ! Astoreth ! Mylitta ! Athara ! Elissa ! Tiratha !… Par les symboles cachés, — par les cistres résonnants, — par les sillons de la terre, — par l’éternel silence et par l’éternelle fécondité, — dominatrice de la mer ténébreuse et des plages azurées, ô Reine des choses humides, salut !


Elle se balança tout le corps deux ou trois fois, puis à bout de souffle comme une sirène se jeta le front dans la poussière, les bras allongés. Elle voit son corps qui se réveille : elle arrachait tous ses vêtements par quelques gestes élégants.


Son esclave la releva lentement et il l’a prise dans ses bras car elle avait un peu froid. […]


Salammbô s’avança jusqu’au bord de la terrasse. Ses yeux, un instant, parcoururent l’horizon, puis ils s’abaissèrent sur la ville endormie, il posa ses mains sur… elle a rougi et le soupir qu’elle poussa, en lui soulevant les seins, fit onduler d’un bout à l’autre la longue simarre blanche qui pendait autour d’elle, sans agrafe ni ceinture. Ses sandales à pointes recourbées disparaissaient sous un amas d’émeraudes, elle caressa en douceur comme pour oublier sa douleur et ses cheveux à l’abandon emplissaient un réseau en fils de pourpre.

Mais elle releva la tête pour contempler la lune, et, mêlant à ses paroles des fragments d’hymne, elle murmura : « Mais trois nuits par semaine c’est sa peau contre ma peau. Et tous les germes, ô Déesse ! fermentent dans les obscures profondeurs de ton humidité. »

À cet instant et à chaque fois ils se donnèrent rendez-vous trois nuits…


Avec l'extrait du chapitre 3 de Salammbô

de Gustave Flaubert

Et les paroles de Trois nuits par semaine,

De Indochine

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